De nos jours, vivre à deux est un défi qui relève du sport extrême. Devenir de meilleurs amoureux? Oui, c’est possible et, bonne nouvelle, ça s’apprend! Isabelle Quentin, auteure du livre Rester amoureux, partage avec nous ses réflexions.
Entre nous, ne mérite-t-on pas d’être heureux en duo? L’état amoureux est délicieux et stimulant parce qu’il procure un bien-être physique, psychologique et spirituel que ne nous apportent pas les autres sphères de notre vie. L’amour rend ouvert, généreux et solidaire. Bref, il nous valorise à travers les yeux de l’autre.
Ça, c’est le bon côté des choses. Car vivre à deux est un sacré défi qui exige une véritable présence, une attention à soi et à l’autre sans cesse renouvelée. Et lorsque ça dérape, ça fait mal. Parfois longtemps…
Les ennemis de l’amour
Selon Isabelle Quentin, auteure du livre Rester amoureux, il est impensable de faire bonne route à deux si on n’évite pas les pièges sournois que sont la jalousie, le doute, le non-dit, les messages tordus, les interprétations erronées, la frustration et les attentes (liste d’épicerie parfaite pour week-ends infernaux…).
On aura compris que le pire ennemi de l’amour authentique est l’égoïsme, et que l’amour durable passe par le désir et la capacité d’entrer dans le monde de l’autre. «On ne se contente pas d’être amoureux de l’amour, dit l’auteure, mais on apprend à aimer pour des raisons élevées et profondes à la fois.» Un peu de maturité ne nuit certainement pas! Et la jalousie et la possessivité, dans tout ça? «Il n’est pas de grand jaloux sur cette planète qui ne se dise empoisonné par son travers. Si vous avez tendance à bouder, dirigez-vous sans mot dire vers le premier miroir. Vous ne pourrez pas ne pas rire de vous!»
Le grand amour est un exercice de haute voltige souvent impitoyable pour les amoureux maladroits qui s’accrochent à l’autre comme à une bouée de sauvetage, comme à une miraculeuse mais trop glissante planche de salut, sur laquelle ils perdront pied et se briseront le cœur et l’âme. L’amour n’a pas de pitié (salut, Leloup!) pour ceux qui s’y aventurent sans protection, la tête baissée et les plaies affectives béantes.
Aimer d’amour…
Bien sûr, les amoureux seniors expérimentés finissent par comprendre que leur union est un creuset, qu’il y a du sexe dans leur amour et de l’amour dans leur sexe. Le véritable amour ne se compartimente pas. On n’est pas ensemble «pour le sexe» ou «pour la tendresse». La relation amoureuse dont on parle se nourrit goulûment de toutes les dimensions de l’autre, qui est accepté et chéri pour l’ensemble de son œuvre (et non pour l’une de ses spécialités). À partir de là, la formule «être aimé» prend tout son sens…
Rester amoureux: cette idée peut sembler simple, mais elle suppose d’avoir été réellement amoureux de l’autre au départ (et non amoureux de l’amour ou encore amoureux de soi à travers les yeux de l’autre). «Rester amoureux, c’est aussi rester à l’écoute de soi et de l’autre, souligne Isabelle Quentin. Cela passe par sa sécurité personnelle, sans laquelle on ne pourrait accueillir l’autre. Cela veut aussi dire vivre sa relation dans la confiance, l’intégrité, la réalisation, la joie et le partage ainsi que dans le respect de l’espace dont chacun a besoin.»
Mieux observer, d’abord soi-même puis l’autre, peut nous rendre de précieux services. Cela permet de stopper le verbiage — interne ou externe —, de ressentir et de laisser monter l’émotion, de la percevoir chez soi et de l’accueillir chez l’autre. Cela permet aussi d’aller à l’essentiel, de le capter, avant que la raison ne prenne le relais.
… et plus, s’il y a affinités
N’oublions pas que les affinités sont le nerf de la guerre! Il existe bel et bien des personnes avec lesquelles on ne pourrait vivre, indépendamment de notre attirance pour elles; c’est simplement une question de rythme, selon l’auteure. «Il faut se demander si l’on réunit, notre conjoint et nous, les ingrédients gagnants du couple.» Quoiqu’il n’existe pas de recette, l’auteure évoque trois ingrédients fondamentaux: admiration, désir et projet.
En amour, il faut savoir se poser les bonnes questions. De quoi notre amour est-il fait? De qui et de quoi sommes-nous amoureux? Comment le fait de m’aimer rejaillit-il sur mon conjoint, ma conjointe? À vous d’évaluer si le temps et la qualité du temps que vous investissez dans votre relation peuvent entretenir celle-ci, la faire croître et vous permettre d’en profiter pleinement. Isabelle Quentin conclut en disant: «Aussi fortes que soient l’attraction et la communion, il n’y a pas de relation viable si l’on n’y consacre pas de temps. Cela veut dire être présent. Totalement et régulièrement présent. Il n’y a pas d’obligation ni d’urgence à réaliser nos rêves! L’important est de se donner le droit de rêver et de le donner à l’autre. En deux mots, de le partager!»