...

«Mon chum et moi, on prend un break.» Combien de fois avons-nous accueilli cette confidence d’une copine avec un brin de scepticisme? Les couples qui se séparent — même pour de courtes périodes — peuvent-ils vraiment renaître de leurs cendres? Deux psys nous aident à faire le point.

 

POUR

1. On appuie sur «pause» et on évalue l’ampleur des dégâts.

Le nez collé l’un sur l’autre, on a du mal à voir la situation dans son ensemble. On sent de la tension sans pouvoir mettre le doigt sur le bobo. Comme dans les films, il est bon de voir l’image de notre vie se figer quelques instants pour mieux l’observer de l’extérieur. «Parfois, souligne la psychologue Geneviève Delisle, on n’a pas la disponibilité émotive suffisante parce que le stress et le manque de temps nous coupent du problème. En se mettant entre parenthèses dans un environnement différent, on fait mieux le tri.»

 

2. Qui suis-je sans lui?

«Certains couples fusionnent très vite, dit la sexologue clinicienne et psychothérapeute Sylvie Lavallée, et renoncent à une part de leur identité.» À force d’être constamment à deux, on finit par devenir un couple «salière-poivrière». Où commencent mes goûts? Où finissent les siens? Est-ce que je fais trop de compromis? Le break permet non seulement de retrouver les petites joies de la vie de célibataire (masque de beauté à toute heure et soupers de filles pour elle, hockey-pizza avec les copains pour lui), mais surtout de reconstituer la frontière entre le moi… et le toi. «Cependant, il faut que ce soit pour les deux l’occasion de se recentrer, de retrouver l’estime de soi», dit la psychologue Geneviève Delisle. Oui à la défusion, mais des deux bords!

 

3. On voit si ça peut passer, avant de casser.

Le couple kleenex, on ne veut pas ça. Le break donne une chance au couple. Geneviève Delisle conseille cette solution en cas de crise: l’infidélité d’un des deux conjoints, par exemple. Sylvie Lavallée la préconise en cas de problèmes sexuels graves (éjaculation précoce, douleurs à la pénétration, etc.). «Généralement, je conseille aux couples de faire le point pendant trois mois au maximum. Le temps d’une saison…»

 

4. Pour des retrouvailles explosives!

«Le désir aime le manque. Il ranime la flamme», observe aussi Sylvie Lavallée. Dans un couple, l’habitude émousse la libido, on n’y peut rien. «Mais une séparation, c’est un peu l’équivalent d’un voyage dans le Sud, ajoute Geneviève Delisle. On en revient plein d’énergie.» Si, au bout d’une semaine, on se languit de son odeur, de ses bisous… même de ses pieds froids dans le lit, alors le test est passé. Il est temps de donner un break… au break.

 

5. Pour retrouver sa bulle.

«Il y a des tournants délicats et inéluctables, celui de la trentaine par exemple», dit Sylvie Lavallée. Certains préfèrent les prendre seul. Les couples mentionnent fréquemment des cycles de 7, 9 ou 10 ans, au terme desquels l’envie de solitude se fait plus forte. «Mais cela ne doit pas être une retraite fermée. Il faut lire, consulter, voir des amis.»

 

6. On repart à neuf.

À l’issue du break, on peut décider de reprendre la relation. «Mais il faut que ce soit sur de nouvelles bases, dit Sylvie Lavallée. Rester ensemble, ça demande un investissement, une stratégie. Il faut faire le bilan en profondeur, définir ce qui doit changer. Éventuellement, se faire coacher.» Un homme venu consulter Sylvie Lavallée avait beaucoup réfléchi pendant un break. «Il s’était demandé: « Pourquoi je suis si gentil avec elle? Pourquoi je suis si paternel? » Tout d’un coup, il retrouvait l’envie de s’affirmer.»

 

7. Est-il vraiment fait pour moi?

Pour que la vérité sorte du sac, pas besoin de «faire de l’origami avec ses sentiments» pendant la séparation! Il faut laisser monter l’évidence toute seule: non, on est pas fait l’un pour l’autre. Ou oui, ses défauts s’accordent si bien à mes qualités!

 

Ça a marché (mais ils ont eu chaud)

«Aladin»: «C’est moi qui ai demandé le break. Nous en sommes sortis grâce à l’amour que me portait ma blonde. J’ai vécu l’enfer de mon côté, car j’aimais une autre femme. Cette épreuve nous a fait prendre du recul et a été finalement bénéfique en nous rendant plus réalistes sur les choses de la vie. Ça nous a appris à nous en tenir à l’essentiel.»

 

contre une pause dans une relation

CONTRE

 

1. Jalousie, quand tu nous tiens!

Que fait-il? Que fait-elle? Et si j’allais y voir de plus près? «Pendant un break, il peut se développer une sorte de « colombo-masochisme » qui frappe autant les femmes que les hommes», dit Sylvie Lavallée. Avec ou sans imperméable, l’un des conjoints va espionner l’autre sous ses fenêtres. La solution pour limiter ce dommage collatéral? Ne pas s’embarquer dans un break sans un programme de communication bien établi. «Il faut définir comment on va se parler, dit Sylvie Lavallée. Par courriel? Par téléphone? Combien de fois par jour?» C’est le meilleur moyen d’éviter la surchauffe des imaginations.

 

2. On ne veut pas s’avouer que c’est fini.

Pas forcément: beaucoup choisissent cette solution par respect pour leur couple, pour liquider des tensions. «Tout dépend de la façon dont la séparation temporaire est vécue, croit Sylvie Lavallée. Est-ce que j’ai pensé à l’autre? Est-ce que j’en ai profité pour avoir quatre ou cinq amants?» Et puis, qui ne risque rien s’endort dans une relation qui a du mal à «rebondir».

 

3. Il y en toujours un qui se sent en «stand-by».

Celui ou celle qui est l’initiateur du break le vit en général plus relax, alors que l’autre se tape les insomnies. La solution: définir ensemble la longueur de la séparation. Noir sur blanc, surligné en jaune fluo. Pour que la «pause-couple» permette vraiment de faire le point, mieux vaut un break décidé par consensus.

 

4. L’un des deux souffre toujours de ce foutu sentiment de rejet.

«Si elle (il) veut un break, c’est qu’elle (il) n’ose pas me dire que c’est fini.» Mettez les points sur les i: un break, c’est juste un peu de time off pour réapprendre à dire «je t’aime». Vous n’en êtes pas encore à décider qui aura la garde de la plante verte et qui s’occupera de 101, votre dalmatien adoré!

 

5. On risque de tomber dans un pattern.

Des «pauses-couples» trop fréquentes finissent par perdre toute signification. «Dans un tel cas, dit Geneviève Delisle, je vais demander aux conjoints de prendre conscience qu’à la première difficulté, ils fuient.» Selon Sylvie Lavallée, les couples qui jouent au yoyo ont oublié, après chaque break, de définir une condition essentielle: on reprend, mais autrement.

 

6. Porte ouverte au chantage affectif!

Quand l’un des deux vit une grande angoisse d’abandon, c’est un symptôme flagrant de dépendance affective. Un sevrage brutal risque d’exposer l’autre à la panoplie destructrice du chantage émotif. La première étape, si on ne veut pas y laisser sa peau, c’est de filer ensemble chez le psy. D’urgence!

 

7. Vider son sac… et tenter d’éviter le cul-de-sac.

Il est bien entendu qu’on a d’abord essayé de discuter, mais qu’on s’est heurté au même cul-de-sac, chacun campant sur ses positions. Quand l’air est chargé d’électricité, cela ne favorise pas les discussions constructives. Mieux vaut donc aller voir un moment ailleurs si on y est. C’est fou ce que l’absence peut faire débloquer vite les négociations…

 

Ça a raté (meilleure chance la prochaine fois)

«Cœur en miettes»: «Moi 25 ans, lui 45 ans. Une histoire au premier abord sans conflit, et puis un jour un courriel me disant qu’il souhaitait faire un break. Après plusieurs relances de ma part, j’ai enfin pu avoir une discussion avec lui par téléphone. La seule précision qu’il m’a donnée, c’est que je suis une fille très bien mais qu’il n’y a pas d’explication rationnelle à trouver à son souhait de prendre du recul.» Le break s’est ainsi transformé en séparation définitive…